Illustration: la Revue 2007 · Photo Pascal Bernheim
Revoir
On peut revoir ses amis, sa patrie et même sa Normandie. On peut revoir avec plaisir, avec bonheur et parfois avec nostalgie. On peut avoir le besoin, le désir, l’espoir de revoir. On peut être désireux, impatient et, surtout, heureux de revoir. Surtout quand les amis sont ceux de l’ARG, que la patrie loge au Casino-Théâtre et que la Normandie s’appelle Revue.
Revoir la Revue, on en a toutes et tous envie. Pour certain·e·s de nos aîné·e·s, assister à « la Générale », privilège historique accordé à nos membres, représente même l’unique occasion dans l’année de se rendre dans une salle de spectacle. Un rendez-vous régulièrement inscrit dans les dernières pages du calendrier depuis le début des années nonante, comme pour mieux nous préparer aux traditionnelles fêtes de fin d’année et nous immuniser contre la non moins traditionnelle grippe saisonnière avec une bonne dose d’humour et de satyre.
Cette année 2020 s’achève sans Revue et sur la promesse d’un vaccin d’une nature plus médicale qu’amicale. Si nous pouvons être rassuré·e·s de constater que notre santé préoccupe les autorités depuis bientôt un an, l’incertitude plane sur la santé de la vieille dame en velours rouge. C’est que les nouvelles ont de quoi inquiéter. Au lieu des traditionnels compliments et critiques qu’elle adresse à l’édition annuelle de la Revue, la presse s’est récemment fait l’écho d’un scénario moins réjouissant qui met en scène les producteurs actuels. L’ARG ne peut naturellement pas intervenir sur les évènements en cours et il ne nous appartient pas de les commenter. Car notre mission s’inscrit dans une dynamique durable, au service d’une culture qui dépasse les clivages : promouvoir et pérenniser le patrimoine culturel de la Revue. Un patrimoine qui figure depuis 2017 au catalogue de l’Office fédéral de la culture grâce à l’action initiée par Raymond Brussino et soutenue par l’historienne Isabelle Brunier.
En cette période troublée, nous devons garder le cap, rester uni·e·s et nous souvenir que l’ARG dispose d’une formidable énergie vitale, elle qui a été créée dans une situation d’urgence face à la menace de disparition de la Revue. Plus de vingt ans plus tard, cette même énergie fait toujours battre nos cœurs. C’est d’ailleurs en chœur que Raymond Brussino et moi-même vous adressons nos meilleurs vœux pour fêter la fin de l’année 2020 et accueillir la suivante. Et parmi ces vœux, je fais celui que 2021 nous apporte un immense bonheur : celui de nous revoir.